Cette réunion a permis de passer en revue tous les paramètres de la criticité des métaux du groupe platine (platine, palladium, rhodium, iridium, ruthénium et osmium). Les industriels de l'automobile ont présenté l'état des technologies de dépollution catalytique, grandes consommatrices de ces métaux, et donné leur vision de l’évolution des besoins.
Le 18 février 2015, plus de trente participants ont suivi les présentations et participé aux débats, introduits par Alain LIGER, secrétaire général du COMES, qui a souligné l’intérêt de ces séances de travail qui rassemblent au-delà de l’industrie minière, les acteurs économiques qui dépendent d’une matière première minérale. C’est particulièrement le cas pour le platine, où certains consommateurs jouent des rôles prépondérants dans l’économie nationale. Il souligne l'absence de ressources nationales en dehors des déchets. Toutefois, la valorisation de ce gisement que sont les déchets fait appel à des logiques économiques qui dépassent nos frontières.
Jean-François LABBE du BRGM a passé en revue :
- l'état de la demande, la revue des usages, la quantification de la consommation mondiale et l'anticipation de son évolution possible ;
- l'état de l'offre, avec un inventaire des ressources connues, des productions, et des sources d'approvisionnement primaires et secondaires, l'évaluation de son évolution possible ;
- l'identification des utilisateurs français, mais aussi européens et mondiaux, et les besoins des acteurs français sur l’ensemble de la filière industrielle de la substance ;
- une évaluation de la vulnérabilité de l’industrie française vis-à-vis de la substance, et des propositions de leviers d'action.
La production de ces métaux s’est considérablement développée ces dernières années en corrélation directe avec le renforcement des normes antipollution et le développement du parc automobile. La production minière a suivi. Il ressort que la criticité du platine, du palladium et du rhodium est très forte, essentiellement en raison de la concentration des lieux de production (Afrique du Sud, Russie) et des fournisseurs. Par ailleurs ces métaux sont difficilement substituables dans leurs usages industriels.
La demande continuera d'être tirée par les besoins de la dépollution automobile. Les contraintes d'approvisionnements ne proviendront pas de la limitation physique des ressources géologiques mais des besoins en financement dans les projets miniers et des contextes socio-politiques des principaux pays producteurs. La possibilité d'accroître raisonnablement la production de platine existe à condition que les prix s'affermissent encore, et après un certain délai. Compter sur un approvisionnement à la fois abondant et bon marché en platine est illusoire.
Les industriels de l’automobile ont signalé la qualité du travail du BRGM puis ont présenté les solutions technologiques, les systèmes de post traitement ont vu leur performance évoluer pour détruire les polluants avec l’évolution des réglementations sur les émissions polluantes. Ces systèmes emploient principalement du Platine et du Palladium, mais aussi du Rhodium. Malgré les exigences environnementales toujours plus fortes, les innovations technologiques ont permis jusqu’à ce jour de limiter les consommations de ces métaux en renforçant leur efficacité.
La demande reste en croissance en raison de l’augmentation globale des immatriculations mondiales, cette augmentation est surtout le fait des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). La Chine dont le marché va bientôt faire le double du marché des États-Unis renforce drastiquement ses normes anti-pollution, elle adoptera prochainement des normes plus sévères qu’en Europe.
Des ruptures de marché vont intervenir sur les motorisations mais les métaux du groupe platine restent indispensables pour les moteurs à combustion ou les piles à combustibles. Le développement des véhicules électriques fera appel au lithium qui pose d’autres enjeux tout aussi prégnants. Les besoins ne peuvent que croître.
La mitigation de la criticité des approvisionnements passe aussi par le développement du recyclage. Les taux de recyclage sont déjà élevés et l'arrivée en fin de vie des véhicules déjà dotés de pots catalytiques va donner l'opportunité de conforter les filières mises en place par les constructeurs. Ces filières sont toutefois affectées par des trafics illégaux.
Le recyclage réduit l’empreinte environnementale de la filière et économise la ressource géologique mais limite peu les risques d’approvisionnement car la croissance de la demande nécessitera toujours un complément d'approvisionnement primaire.
Les actions des pouvoirs publics doivent permettre de mutualiser les efforts d’intelligence économique afin d’aider les opérateurs industriels consommateurs à adapter leur stratégie d’approvisionnement, mais aussi des filières de recyclage qui dépassent la problématique de la collecte. Le développement de la recherche et de l’innovation est capital pour maintenir le haut niveau de compétence national en la matière. Enfin la lutte contre les trafics doit être intensifiée. Autant de pistes pour les différents groupes de travail du COMES.
Présentations du 18 février 2015 :