Boom des exportations de terres rares chinoises*
Elles ont atteint 12 500 t, soit 80 % du quota de 15 500 t fixées pour le premier semestre de 2014. Le Japon et États-Unis totalisent 75 % de ces exportations.
Japon 4 660 t (+99 %)
États-Unis 4 570 t (+57 %)
Allemagne 586 t (+757 %)
Pays-Bas 442 t (+537 %)
*Il est inattendu que ce soient les terres rares légères (+73 %) qui soient à l'origine de ce boom des exportations. L'explication pourrait être associée à la fermeture des exploitations artisanales illégales du Nord (plus de 200 autour de Baotou), beaucoup plus faciles à contrôler que celles des terres rares lourdes qui sont beaucoup plus dispersées dans le sud du pays.
Ce boom actuel des exportations de terres rares chinoises s'explique par un stockage préventif des industries consommatrices japonaises et occidentales face aux nouvelles mesures que devrait prendre le gouvernement chinois en réaction à la récente condamnation par l'OMC le 26 mars 2014 ans (confirmée le 8 avril) de l'instauration, depuis 2009, de quotas d'exportation des terres rares. L'appel déposé par la Chine devant l'OMC contre cette décision, en avril 2014, a été rejeté en août.
Quels sont les nouvelles mesures que pourrait prendre la Chine en réaction à sa condamnation par l’OMC ?
La première est de se mettre en conformité et mettre un terme aux quotas et différentiel de tarif jugé « discriminatoire » entre les prix internes à la Chine et à l’exportation.
Pour reprendre la main et consolider son emprise sur le marché des terres rares, la Chine envisagerait d’accélérer plusieurs décisions au cours du second semestre de cette année : d'une part, au niveau de l’offre, réduire la production minière et d'autre part, au niveau de la demande, favoriser la consommation domestique.
- la réduction de la production minière sera obtenue par la fermeture de mines artisanales illégales qui sont à la source des pollutions, de la contrebande, et des surplus. Cette « black supply chain » est à l'origine d'une production d'environ 30 000 t de terre rares, de sorte que la production totale de terres rares de la Chine ne serait pas de 90 000 t (chiffres officiels), mais plutôt de 120 000 t.
- L'augmentation de la consommation sera obtenue par une industrialisation accrue, laissant très peu de terres rares disponibles pour l'exportation, et permettant également d'obtenir une meilleure valorisation grâce à davantage de valeur ajoutée par la fabrication de produits manufacturés exportables. À ce niveau, l'investissement étranger (déjà présent) est encouragé.
- De plus, une bourse d'échange et de cotation des terres rares légères destinée au marché national (Baotou Rare Earth Product Exchange) a été ouverte le 28 mars 2014 à Baotou (deux jours seulement après le verdict de l'OMC).
- Enfin, la société chinoise Baotou Steel Rare-Earth Company est responsable d'un programme de constitution de réserves stratégiques de terres rares sur le gisement de Baotou, dans la région autonome de la Mongolie intérieure (Nord). Une mesure prise en 2010 qui se poursuit aujourd’hui pour soutenir des cours.
C. Hocquard